Le tourisme, facteur aggravant ou solution aux inégalités dans le monde ?Animé par François Herrb
Qu’est-ce que le tourisme ? Né au 17e siècle avec le Grand Tour  aristocratique, ce phénomène touche aujourd’hui toutes les sociétés. Il  provoque les plus importantes migrations que l'humanité ait jamais  connues. 898 millions de personnes ont voyagé hors de leur pays en 2007  à des fins touristiques, selon l'Organisation mondiale du tourisme. Et  l'arrivée des touristes chinois et des pays émergents devrait encore  grossir ces flux dans les prochaines années. En France, le secteur du  tourisme engendre 6,5% du produit intérieur brut (PIB) national.
Plébiscité comme un outil de développement économique, dénoncé comme un  nouveau colonialisme, il est au cœur des débats sur la mondialisation de  la culture.
Il est souvent reproché au touriste - ce "
pèlerin moderne qu'aucune foi  n'anime" selon l'expression du sociologue Jean-Didier Urbain - sa  superficialité, son caractère grégaire, son indifférence aux sites  visités, sa négation de l'art du voyage. S'y ajoute aujourd'hui une  critique environnementale (destruction de sites naturels, émissions de  gaz à effet de serre liées au transport) et politique (marchandisation  des sites et des paysages, pratiques néocoloniales vis-à-vis des  populations locales).
En réponse à cela, un commentaire parmi d’autre sur un forum consacré  aux voyages :
"On lit partout les considérations éthiques sur le tourisme, le  tourisme équitable, le tourisme humanitaire, le coté rapace du touriste,  colonisateur qui modifie le tissu local avec son pognon. Il y a  finalement un gros sentiment de culpabilité du voyageur envers les pays  visités (du tiers monde). Je vais faire court : bullshit !! L'occident  est par essence impérialiste et colonisateur et je pense qu'on exploite  plus le tiers-monde chez soi en France en consommant (nourriture  subventionnée par la CEE qui génère le dumping alimentaire, énergies en  grande quantité, drogues) qu'en y voyageant. Voyager au tiers-monde,  c'est finalement redistribuer un tout petit peu de l'argent que le  système nous a obligé de leur voler pour les rétribuer finalement très  modestement de ce qu'ils ont à nous apprendre ou des merveilles  naturelles qu'ils nous laissent regarder."Alors que près de 40 % des Français ne partent pas en vacances, les  mobilités de loisirs sont aussi un révélateur des inégalités sociales.  Les destinations se déclinent selon les classes de la société et les  saisons, dessinant une géographie sociale sans cesse réinventée. Les  destinations touristiques, élues par des précurseurs en quête de  distinction sociale, se diffusent ensuite dans la société par imitation  et démocratisation, poussant les élites du moment à inventer sans cesse  de nouvelles pratiques pour demeurer à l'écart des foules. Dernière  illustration du phénomène : pour 200 000 dollars par tête, il est  possible depuis cette année de s'offrir un voyage dans l'espace…
En réaction à ces excès se développent des formes de tourisme  alternatives, moins consommatrices et davantage respectueuses des  populations et de l'environnement (écotourisme, tourisme social ou  solidaire).
Ainsi on peut voir le tourisme à la fois comme un révélateur des inégalités à différentes échelles (dans le  monde et au sein des sociétés) et comme une cause aggravante de ces inégalités ou comme un moyen de les  réduire.
Sources :
- Une histoire du tourisme. D'un luxe de riches à un loisir de masse,  Stéphane Lecler Alternatives économiques n°271, juillet 2008
- L'impossible voyage. Le tourisme et ses images, Marc Augé, Payot &  Rivages, Paris, 1997
- La Planète disneylandisée, Sylvie Brunel, éditions Sciences  Humaines, 2006François Herrb