mercredi 15 juillet 2009

2ème Café-Repaire mardi 28 juillet 2009

Quelles alternatives au capitalisme ?

Animé par Patrice Knorr

Le débat est introduit par des extraits du livre d’Hervé KEMPF « Comment les riches détruisent la planète » (Editions du Seuil, 14 €.) :

« (…) Une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s'impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n'est animée d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l'idéologie néolibérale ne sait plus que s'autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d'influence sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse.
Cette représentation du monde n'est pas seulement sinistre, elle est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l'injustice, sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut l'abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures. »

PUIS LE DEBAT EST OUVERT :Voilà ce qui a été dit par les un-e-s et les autres :

Tout s’apprend mais il n’y a pas de cours de politique dans l’Education Nationale. Il y a donc une dépolitisation du peuple transformé en masse obéissante, ce qui est un problème fondamental.
Oui, mais même dans la masse, on peut agir à son échelle pour faire bouger les choses.
On enseigne l’économie à l’école, mais quel type d’économie ?
L’éducation fait de nous des petits soldats. Le capitalisme fait que l’économie est aux mains de ceux qui ne produisent pas.
Le système, on y participe tous en développant l’individualisme, en donnant du pain et des jeux. Ce n’est pas qu’un problème d’éducation, c’est un problème de propositions et de valeurs. Comment faire pour que les gens veulent changer la société ?
On est sur terre pour travailler mais il faut redonner du sens au capitalisme. Le travail a perdu sa valeur de reconnaissance qu’il pouvait donner à l’homme.
Il y a 70 ans, l’homme travaillait pour nourrir sa famille, aujourd’hui, il travaille pour le superflu. C’est bien un problème de valeurs.

Pour revenir au sujet de ce soir, quelles sont nos alternatives ?

Le refus de la société de consommation existe depuis longtemps, dès le début des années 70 (communautés,….). Les exemples d’initiatives sont nombreux :
- circuit court de distribution
- auto-construction
- autonomie énergétique
- partage des savoirs
- troc ou monnaie locale pour services échangés
- microcrédit
- achats mutualisés, mise en commun de matériels
- économie solidaire, SCOP,…
Dans une rue de Colmar il existe une mise en place d’échange de services entre voisins. Pour que cela fonctionne, il y a la nécessité de la rencontre, de la connaissance et du respect entre les gens.
C’est bien du lien social, qui est la base de tout. Il faut faire revivre la démocratie locale.
Il y a donc bien un rôle important de l’homme politique mais il y a aussi un problème de choix au vu de l’offre actuelle.
Ceci est aussi dû à l’attitude politique de chacun, on a les élus qu’on mérite.
Ce sont les actions personnelles qui se connecteront pour créer la prochaine révolution.
Le système capitaliste n’a plus besoin du politique, il peut vivre de manière autonome.
La crise actuelle le démontre bien, il faut réguler le capitalisme par des mesures évidentes :
- suppression des fonds de pensions
- encadrement des crédits.
Le salaire est le fondement du capitalisme. Nous existons par notre salaire qui nous permet de vivre. Ce salaire a baissé depuis quelques décennies. Il y a de plus en plus de richesses et de moins en moins de travail.
Il faut créer le revenu d’existence.
Il faut réfléchir au montant du salaire par rapport à une diminution réelle du temps de travail qui permet de libérer du temps pour évoluer.
De tout temps, il y a une nécessité de travaux collectifs pour la survie de l’homme face aux difficultés. Cet esprit de survie, encouragé par ces difficultés, fera évoluer les choses.

Existe-t-il une alternative au capitalisme ?

Il n’y a pas forcément de système de remplacement mais ce sont les actions individuelles ou locales qui finiront par déboucher sur un nouveau projet politique.
C’est un problème de valeur. Le travail n’est devenu une valeur qu’à l’apparition du monde industriel. La famille par exemple a longtemps été une valeur primordiale.
Seule l’urgence fera bouger les gens. Comment faut-il arriver à le faire prendre conscience aux gens ? Aujourd’hui, c’est peut-être les Verts qui en ont l’opportunité et il faudrait qu’ils la saisissent.
Qu’est-ce que le capitalisme et qu’est-ce qui nous gène dans ce système ?
Il ne sait pas partager de manière équitable.
Le mal, c’est la propriété mais la propriété est aussi la dynamique de la société.
Il y a une grande force d’imitation du système capitaliste.
Il faut bien parler de décroissance, cela n’est plus hérétique même si cela braque encore beaucoup de gens.
Qu’est-ce qui défini aujourd’hui la richesse ? C’est le PIB, ce qui ne veux rien dire.
Un exemple d’alternative est le projet de reconversion écologique de la société (Les Verts) qui porte sur les domaines suivants :
- contribution climat/énergie
- Transports
- Amélioration des performances énergétiques des bâtiments
- Reconversion des bassins d’emplois vers des industries de l’énergie renouvelable
- Changement des aides à l’agriculture
Obama semble avoir adopté ce type de projet de société. Le Danemark l’expérimente depuis longtemps.
La seule alternative est entre capitalisme et marxisme.
Il faut associer l’individualisme qui est nécessaire pour certains domaines et le collectivisme.
Le capitalisme ne fonctionne pas, le marxisme non plus. Il faut trouver une solution médiane comme par exemple dans les petites tribus d’amérindiens. C’est le fait humain qui a fait échouer les systèmes globaux, seules les petites communautés peuvent réguler ce problème.
Il faut une tri-articulation de la société :
- économique
- politique
- société civile
Il y a aujourd’hui un déséquilibre entre ces composantes, l’économique étouffe tout. Il faut redonner sa place à la société civile.
Le problème n’est pas la richesse, c’est que bien que faisant partie des nantis, nous ne sommes pas heureux dans cette société.
La richesse est quand même un problème car elle se fait toujours au détriment de quelqu’un.
Les sociétés primitives bien organisées ont été ruinées par le contact avec les autres tribus et surtout par la confiscation par quelques uns de l’information. Cette confiscation se poursuit dans notre société dans laquelle l’information est contrôlée par le capital.
Il y a souvent blocage car le citoyen est mis dans des situations de peur avec une lourde responsabilité des médias qui sont aux mains des tenant s du système.
Le mutualisme est une réelle alternative au capitalisme.
Il y a malheureusement eu dégénérescence du système bancaire français qui était à l’origine mutualiste.
Cependant, l’économie sociale vit encore en France surtout dans les domaines de l’assurance et de la protection sociale. Elle offre en plus des conditions de travail plus avantageuses à ses salariés.
Ce système fonctionne (SCOP, coopératives,…) et il pourrait fonctionner dans tous les domaines (par exemple les écoles coopératives).

Le changement ne viendra d’en-haut, il viendra de l’humain. Il faut arrêter de capitaliser, il faut changer individuellement.

(synthèse réalisée par François Herrb)

1 commentaire:

Christian WEISS Alsace/France a dit…

• La raréfaction des matières premières permet une prise de conscience de nos modes de vie et sur les relations Nord-Sud.
• La précarité de l’emploi (et les délocalisations) permet une prise de conscience de la valeur du travail et de l’exploitation de l’homme par l’homme.
• Les sub-primes/ l’endettement sans recouvrement, l’argent improductif boursier (et fictif) - qui ont engendré la crise financière, puis la crise économique du capitalisme/libéralisme- permet une prise de conscience de la valeur pécuniaire mise en relation avec la valeur humaine.

Agir localement
Cela nous fait bien comprendre qu’il est bien temps de reprendre le contrôle de nos vies, mais pas individuellement en pensant s’en sortir seul, mais collectivement avec une réappropriation par les citoyens eux-mêmes des décisions concernant la vie quotidienne en s’organisant localement, démocratiquement , dans la justice et la solidarité, pour produire et consommer, se nourrir, s’éduquer, construire, …etc…et peut-être réinventer de véritables « communautés » ou territoires autogouvernés.
On peut parler ainsi de circuits courts de distribution pour l’alimentation, d’autoconstruction, d’autonomie énergétique, de partage des savoirs pour la formation, de troc ou de monnaies locales pour les services échangés, de micro-crédits, d’achats mutualisés, d’économie sociale et solidaire, de SCOP –Sociétés Coopératives Ouvrières de Productions-, etc…

Plus globalement
On peut aussi mettre en œuvre une transformation écologique de l’économie qui recouvre tout ce qui vient d’être énoncé, et aussi au niveau d’un pays ou de l’Europe qui est une réorientation profonde de nos modes de consommation et de production. On peut commencer par quatre/cinq domaines d’actions :
• la création d’une contribution climat-énergie englobant toutes les consommations d’énergies (non-renouvelables). La contribution du particulier est basée sur sa consommation.
• le changement de priorités dans le secteur des transports : réduire les investissements publics pour la route (plus de nouvelles autoroutes ou aéroports-pas de récupération de TVA), développer le secteur des transports en commun, réorienter le choix vers des véhicules économes et peu polluants (120g/CO2 /km, généralisation du système « stop and start »
• l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments et le développement des énergies renouvelables : plan de rénovation énergétique du bâti ancien, norme de consommation de 50 kwh/m2 pour le neuf, sortie du chauffage électrique en l’interdisant dans le neuf, les bâtiments publics, les commerces et bureaux, le locatif ; favoriser les chaufferies collectives, la cogénération, imposer dans le neuf l’installation de dispositifs de production d’énergie renouvelable, interdire tout financement public pour la production d’énergie non-renouvelable (sortir du nucléaire)
• la reconversion des bassins d’emploi : contrat de transition professionnelle orientée vers ces nouvelles activités écologiques,développer l’économie sociale et solidaire d’une façon plus générale
• le changement d’attribution des aides à l’agriculture : révision totale du mode d’attribution des subventions à l’agriculture.

On peut trouver d’autres exemples, d’autres secteurs à rénover, reconvertir, relocaliser la production d’énergie et la préservation et distribution de l’eau…etc…


Il faut aussi tout mettre en œuvre pour développer le lien social, les entraides, les échanges, s’investir dans la vie citoyenne pour faire vivre la démocratie locale, investir les conseils municipaux, initier des référendums locaux….