mercredi 29 juillet 2009

3ème Café-Repaire mardi 25 août 2009

Culture : maintien du lien social ?

Virginie Zinderstein a fait l'introduction et a animé le débat:
En quoi participer à un évènement culturel, le spectacle vivant notamment, peut représenter une véritable « nourriture », permet d’échanger, d’ouvrir sa perception du monde ?

Les premières interventions tentent de mieux définir le mot culture qui a deux sens quelque peu différents :
- La culture peut être comprise comme l’ensemble des arts, peinture, musique, spectacles, cinéma, livres…
- La culture c’est aussi l’ensemble des habitudes et rituels d’un groupe d’individus au quotidien : sa manière de s’alimenter, ses codes sociaux…
- La culture : habitudes qu'on porte en nous sans forçément en prendre conscience.
Est-ce le double sens du mot culture ou les avis divergents qui ont le plus souvent conduit à des malentendus ?

Pour illustrer la deuxième définition du mot, ont été évoquées les différences « culturelles » entre les communautés chimpanzés et bonobos – ces derniers ont mis en place un art de résoudre les conflits basés sur l’érotisme.
« La culture n'est pas spécifique à l'homme, les animaux ont une culture. »

Des questions ouvertes et déclarations en vrac :
- Pourquoi sortir, aller au spectacle à l’encontre de nouvelles expériences, de nouvelles émotions ?
- Quelques réponses ont été émises: sortir cela fait réfléchir,développe la pensée, crée du lien, permet de partager des moments, de faire des rencontres
- L’accès à l’art est-il ouvert à tous, quelles sont les conditions d’accès à une œuvre d’art, un tableau par exemple ? Faut-il simplement de la curiosité, de l’élan vers, ou un niveau d’information ou de formation minimal ?
L’expérience relatée de jeunes handicapés visitant un musée vient illustrer que tout un chacun peut apprécier une œuvre d’art, l’appréhender.
- En quoi la culture nous fait-elle grandir?
- La culture n’est-elle pas une activité individuelle et solitaire qui demande beaucoup d'efforts?
- L’expérience culturelle permet d’échanger avec des pairs qui ont partagé l’expérience.
- Confusion entre le mot culture et le mot art.
- Toutes les cultures sont-elles de valeur identique ?
- La Télévision diffuse t - elle de la culture ?
- La culture c'est découvrir des gens. Avant les rencontres se faisaient dans les bistrots.
- Ne pas confondre divertissement et culture.
- On utilise la culture pour faire du commercial.
- La culture calme les esprits.
- Tout d'abord la culture c'est une grande tolérance. Un peut s'enrichir de la culture de l'autre. Elle n'est pas liée à une élite.

La culture est de plus en plus diversifiée ; sur un même territoire l’offre est considérablement plus riche qu’il y a une trentaine d’années.
- Cette densification est-elle le signe que les personnes ont davantage accès à la culture ?
- La culture se démocratise t-elle réellement ou y a-t-il pas un phénomène de masse où la culture risque de devenir simple divertissement, produit de consommation ?

La culture joue un rôle d’émancipation, cet aspect est notamment fort auprès des jeunes générations qui transgressent les règles établies, les détournent, les font évoluer.
Ces nouvelles pratiques nous ouvrent l’esprit (référence à mai 68)

La culture est indissociable du lieu où elle émerge sur la planète, elle prend des formes différentes selon les lieux et les époques.

Les pouvoirs publics ont une véritable mission de sensibilisation du public jeune notamment par la mise en place de tarifs incitatifs pour encourager l’accès à des spectacles, ainsi qu’en développant des opérations permettant d’accéder réellement aux œuvres : rencontres avec les artistes, préparation des sorties…la culture est donc aussi une affaire de volonté politique.

- Y a t-il une frontière claire entre art et artisanat ? Toutes les œuvres humaines ne sont-elles pas culturelles ?
- La gastronomie et les travaux manuels font-ils pas aussi partie du domaine de la culture au même titre que les « arts » ?
- La religion a encouragé la création artistique architecturale, picturale, musicale mais n’a-t-elle pas été un frein au développement d’autres expressions ?


Puis vient enfin les questions vraiment fondamentales :
- La culture va t-elle rendre les hommes meilleurs???
- La culture permet-elle d’éviter la BARBARIE ???

Il semblerait que même sur ces questions, les avis sont partagés.
A méditer…

Conclusion
Il semblerait que nous n'ayons pas répondu à la question principale qui était : « Culture, maintien du lien social? »
Finalement Virginie nous chante un poème, et obtient cette fois-ci plus que toute autre intervention l’écoute de chacun. C’est donc la poésie qui aura le dernier mot !

(compte-rendu par Véronique Wurth)

mercredi 15 juillet 2009

2ème Café-Repaire mardi 28 juillet 2009

Quelles alternatives au capitalisme ?

Animé par Patrice Knorr

Le débat est introduit par des extraits du livre d’Hervé KEMPF « Comment les riches détruisent la planète » (Editions du Seuil, 14 €.) :

« (…) Une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s'impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n'est animée d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l'idéologie néolibérale ne sait plus que s'autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d'influence sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse.
Cette représentation du monde n'est pas seulement sinistre, elle est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l'injustice, sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut l'abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures. »

PUIS LE DEBAT EST OUVERT :Voilà ce qui a été dit par les un-e-s et les autres :

Tout s’apprend mais il n’y a pas de cours de politique dans l’Education Nationale. Il y a donc une dépolitisation du peuple transformé en masse obéissante, ce qui est un problème fondamental.
Oui, mais même dans la masse, on peut agir à son échelle pour faire bouger les choses.
On enseigne l’économie à l’école, mais quel type d’économie ?
L’éducation fait de nous des petits soldats. Le capitalisme fait que l’économie est aux mains de ceux qui ne produisent pas.
Le système, on y participe tous en développant l’individualisme, en donnant du pain et des jeux. Ce n’est pas qu’un problème d’éducation, c’est un problème de propositions et de valeurs. Comment faire pour que les gens veulent changer la société ?
On est sur terre pour travailler mais il faut redonner du sens au capitalisme. Le travail a perdu sa valeur de reconnaissance qu’il pouvait donner à l’homme.
Il y a 70 ans, l’homme travaillait pour nourrir sa famille, aujourd’hui, il travaille pour le superflu. C’est bien un problème de valeurs.

Pour revenir au sujet de ce soir, quelles sont nos alternatives ?

Le refus de la société de consommation existe depuis longtemps, dès le début des années 70 (communautés,….). Les exemples d’initiatives sont nombreux :
- circuit court de distribution
- auto-construction
- autonomie énergétique
- partage des savoirs
- troc ou monnaie locale pour services échangés
- microcrédit
- achats mutualisés, mise en commun de matériels
- économie solidaire, SCOP,…
Dans une rue de Colmar il existe une mise en place d’échange de services entre voisins. Pour que cela fonctionne, il y a la nécessité de la rencontre, de la connaissance et du respect entre les gens.
C’est bien du lien social, qui est la base de tout. Il faut faire revivre la démocratie locale.
Il y a donc bien un rôle important de l’homme politique mais il y a aussi un problème de choix au vu de l’offre actuelle.
Ceci est aussi dû à l’attitude politique de chacun, on a les élus qu’on mérite.
Ce sont les actions personnelles qui se connecteront pour créer la prochaine révolution.
Le système capitaliste n’a plus besoin du politique, il peut vivre de manière autonome.
La crise actuelle le démontre bien, il faut réguler le capitalisme par des mesures évidentes :
- suppression des fonds de pensions
- encadrement des crédits.
Le salaire est le fondement du capitalisme. Nous existons par notre salaire qui nous permet de vivre. Ce salaire a baissé depuis quelques décennies. Il y a de plus en plus de richesses et de moins en moins de travail.
Il faut créer le revenu d’existence.
Il faut réfléchir au montant du salaire par rapport à une diminution réelle du temps de travail qui permet de libérer du temps pour évoluer.
De tout temps, il y a une nécessité de travaux collectifs pour la survie de l’homme face aux difficultés. Cet esprit de survie, encouragé par ces difficultés, fera évoluer les choses.

Existe-t-il une alternative au capitalisme ?

Il n’y a pas forcément de système de remplacement mais ce sont les actions individuelles ou locales qui finiront par déboucher sur un nouveau projet politique.
C’est un problème de valeur. Le travail n’est devenu une valeur qu’à l’apparition du monde industriel. La famille par exemple a longtemps été une valeur primordiale.
Seule l’urgence fera bouger les gens. Comment faut-il arriver à le faire prendre conscience aux gens ? Aujourd’hui, c’est peut-être les Verts qui en ont l’opportunité et il faudrait qu’ils la saisissent.
Qu’est-ce que le capitalisme et qu’est-ce qui nous gène dans ce système ?
Il ne sait pas partager de manière équitable.
Le mal, c’est la propriété mais la propriété est aussi la dynamique de la société.
Il y a une grande force d’imitation du système capitaliste.
Il faut bien parler de décroissance, cela n’est plus hérétique même si cela braque encore beaucoup de gens.
Qu’est-ce qui défini aujourd’hui la richesse ? C’est le PIB, ce qui ne veux rien dire.
Un exemple d’alternative est le projet de reconversion écologique de la société (Les Verts) qui porte sur les domaines suivants :
- contribution climat/énergie
- Transports
- Amélioration des performances énergétiques des bâtiments
- Reconversion des bassins d’emplois vers des industries de l’énergie renouvelable
- Changement des aides à l’agriculture
Obama semble avoir adopté ce type de projet de société. Le Danemark l’expérimente depuis longtemps.
La seule alternative est entre capitalisme et marxisme.
Il faut associer l’individualisme qui est nécessaire pour certains domaines et le collectivisme.
Le capitalisme ne fonctionne pas, le marxisme non plus. Il faut trouver une solution médiane comme par exemple dans les petites tribus d’amérindiens. C’est le fait humain qui a fait échouer les systèmes globaux, seules les petites communautés peuvent réguler ce problème.
Il faut une tri-articulation de la société :
- économique
- politique
- société civile
Il y a aujourd’hui un déséquilibre entre ces composantes, l’économique étouffe tout. Il faut redonner sa place à la société civile.
Le problème n’est pas la richesse, c’est que bien que faisant partie des nantis, nous ne sommes pas heureux dans cette société.
La richesse est quand même un problème car elle se fait toujours au détriment de quelqu’un.
Les sociétés primitives bien organisées ont été ruinées par le contact avec les autres tribus et surtout par la confiscation par quelques uns de l’information. Cette confiscation se poursuit dans notre société dans laquelle l’information est contrôlée par le capital.
Il y a souvent blocage car le citoyen est mis dans des situations de peur avec une lourde responsabilité des médias qui sont aux mains des tenant s du système.
Le mutualisme est une réelle alternative au capitalisme.
Il y a malheureusement eu dégénérescence du système bancaire français qui était à l’origine mutualiste.
Cependant, l’économie sociale vit encore en France surtout dans les domaines de l’assurance et de la protection sociale. Elle offre en plus des conditions de travail plus avantageuses à ses salariés.
Ce système fonctionne (SCOP, coopératives,…) et il pourrait fonctionner dans tous les domaines (par exemple les écoles coopératives).

Le changement ne viendra d’en-haut, il viendra de l’humain. Il faut arrêter de capitaliser, il faut changer individuellement.

(synthèse réalisée par François Herrb)

mercredi 1 juillet 2009

PREMIER Café-Repaire 30 juin 2009

Mieux vivre ensemble... par quelles alternatives (introduction et débat)

Animé par Christian Weiss

Une quarantaine de personnes autour d’une grande table, dans la douceur d’un soir d’été sur la terrasse de l’auberge du Remspach chez Cléo et Marc, se sont rassemblées pour ce premier Stammtisch Alternatif Citoyen (S.A.C. !!!!) autour d’un thème proposé par Dominique et Christian qui ont lancé l’initiative d’un Café-Repaire dans le Florival.
Après une courte introduction pour situer et « cadrer » le débat, la parole est laissée à celles et ceux qui étaient impatient-e-s de partager, échanger. De colères saines à des expériences relatées et des propositions concrètes, la diversité des interventions a fait la richesse de cette première rencontre, même si parfois, nous étions loin du thème initié. Ce compte-rendu est forcément incomplet puisqu’il est toujours délicat de retranscrire plus de 3 heures de débat
.

INTRODUCTION :
Libéralisme, bulle financière, dérégulation, favoritisme, lobbying politique, tout cela nous a amené à une crise grave et le château de cartes capitaliste s’est écroulé.
Beaucoup se sont réfugiés dans l'individualisme en croyant pouvoir s'en sortir en "travaillant plus pour gagner plus", en accumulant des biens, en consommant par excès, en voyageant au bout du monde dans des palaces ensoleillés les pieds dans le sable, mais dont on ne quittait pas même l'enceinte. On sent bien que nous sommes allés dans le mur et que les messages d'alerte de certains prennent aujourd'hui plus de sens.
On peut aussi re-créer du lien social, se regrouper dans des initiatives, consommer moins et plus local, retrouver la joie des petits plaisirs quotidiens, reconnaître "l'autre" à qui vous allez donner quelque chose ou qui va vous apporter quelque chose, remettre de l'humain dans nos relations, échanger, se tolérer, se respecter...
Bien sûr se limiter peut être un facteur de frustration. Mais il ne faudrait pas oublier de penser globalement pour comprendre qu'une reconversion sociale, économique et écologique de notre société, de notre planète est inéluctable. Et cette rupture peut aussi ressembler à cette parole de Gandhi : "Vivre simplement pour permettre à d'autres de simplement vivre"....

DEBAT :
Oui, nous sommes dans des pays, un continent, riches, mais le minimum n’est même plus assuré (nourriture, toit, habillement) pour beaucoup de personnes. Il faut recréer des « solidarités » sur un même territoire, s’enrichir des expériences des autres pour avancer dans l’action et les initiatives locales : AMAP, groupement d’achat, marchés de montagne avec des produits locaux, circuits courts de distribution pour la nourriture par exemple. Plusieurs projets sont en cours et mis en place dans la vallée du Florival (association VAL-Linthal, Collectif Citoyen-Guebwiller). Si on parle beaucoup de bio, on relève aussi le prix cher de ces produits. Cependant, il ne faut pas oublier que cela dépend aussi du système de subventions qui va vers la monoculture (subventions à l’hectare) et pas à la qualité ou à l’encouragement d’une reconversion agricole. Il faut aussi être attentif à la rareté des matières premières et en premier à la plus vitale, l’eau et donc l’économiser, la préserver…
Lorsqu’on dit « on va droit dans le mur » avec le système libéral, capitaliste actuel, il faut relever que l’on parle d’une catégorie (de plus en plus générale et large de gens), mais ce n’est pas tout le monde : les nantis, les riches s’en sortent et continuent à profiter des cadeaux fiscaux, des dotations et des placements dans des paradis financiers. Ils ne font que peu de cas des masses de chômeurs laissés pour compte puisque seul leur profit est important. Le travail n’est plus une valeur, cela devient un privilège.
Nos comportements consuméristes sont critiqués, la propagande, la publicité, l’excès, mais ce n’est pas anodin, car c’est tout un système qui nous amène à ces comportements, et même l’acceptation de ce système par un endormissement général piloté par les médias. En politique, il y a peu de programmes alternatifs et cela amène le constat d’une démocratie bien vacillante. Les constats amers qui se traduisent par de la colère devraient pouvoir se traduire en actes : consommer est un acte politique, faire un jardin est un acte révolutionnaire.
En parlant du logement et de la nécessité de construire toujours plus de HLM (loi SRU pas appliquée dans plein de communes), on voit bien que ce n’est pas fait. En plus, certains relèvent que ce n’est pas non plus la seule solution. Celles et ceux qui vivent dans ces barres-ces blocs font tout pour en sortir et aller vivre ailleurs pour une meilleure qualité de vie. En plus, si on compte le nombre de logements vides, on se rend vite compte que la situation est accentuée par les propriétaires qui déterminent des critères pour les loueurs ( travail, sécurité, parfois racisme,…) et préfèrent laisser leurs locaux vides plutôt que de le louer « en prenant des risques » !!!
Pour l’habillement, il y a les marchés aux puces, le recyclage, les bourses et échanges qui sont des alternatives afin de réduire son budget « fringues ».
On peut aussi vivre mieux avec des choses simples qui ne coûtent pas cher, pas forcément voyager dans des pays lointains, mais aller à la rencontre de l’autre et partager (que veut dire « je le paye, cela m’appartient » ?).
Le manque de réaction par rapport à la situation actuelle est peut être lié à un niveau de conscience peu élevé (mais quand on est dans la survie, ce n’est pas évident de « s’élever »), lié à la crainte de sortir du troupeau, de penser par soi-même…, lié aussi au conditionnement, la propagande, la désinformation, la manipulation par les médias, les discours, les promesses….
Mais la valeur de l’argent peut aussi « se ringardiser » dans l’avenir. On peut retrouver le sens du partage, mutualiser des outils, initier des petites choses en se regroupant, recréer des communautés de quartier et surtout remettre de l’humain dans notre vie, dans nos relations.
Echanges de savoirs (le Rezo), économie sociale et solidaire (qui n’est enseignée dans aucune école professionnelle ou même dans les cours d’économie de lycée), initiatives concrètes locales, actions de terrain pour éveiller les consciences, politiser l’écologie et ne pas l’enfouir dans l’écocitoyenneté sans en attaquer les causes et verdir le vocabulaire ambiant en le dépossédant de son sens (bio, durable, décarboné, etc…), aider à relocaliser les productions et continuer la mobilisation citoyenne, associative, syndicale, politique car la pression populaire reste utile pour aller vers du changement, pour montrer que nous ne sommes pas d’accord, que des résistances existent.
Il ne faut pas forcément attendre des changements venant d’un Etat, mais commencer par soi-même, par son entourage, les changements sont toujours venus de « minorités agissantes ».

(compte-rendu synthètique par Christian Weiss-1er juillet 2009)